Pour une philosophie de la société

Pour une philosophie de la société

Couverture du livre Pour une philosophie de la société

SOMMAIRE

Préface

Introduction

Chapitre 1 - L'inquiétude des Pères fondateurs et leurs sombres pressentiments

  1. L'inquiétude des Pères fondateurs de la sociologie : le traumatisme crée par le bouleversement social, la grande peur des bien-pensant
  2. Comment les Pères fondateurs ont-ils analysé la révolution sociale du XIX siècle ?
  3. De Tocqueville
  4. Durkheim
  5. Weber
  6. Simmel
  7. Des craintes excessives

Chapitre 2 - Les tentatives menées pour créer une véritable science de la société

  1. Introduction
  2. Les précurseurs
  3. Dilthey et la compréhension
  4. Max Weber et l'individualisme
  5. Durkheim et la sociologie scientifique
  6. La sociologie marxiste. La fin d'un malentendu
  7. Conclusion

Chapitre 3 - Comment la sociologie est-elle devenue possible ?

  1. Introduction
  2. L'apparition de l'épistémè occidentale
  3. Nomothétie et idiographie : la philosophie de Hegel
  4. La naissance du symbolisme structurant comme mode de représentation de l'individu
  5. La phénoménologie comme fondement
  6. Conclusion

Chapitre 4 - La rupture avec la théorie du sujet et ses conséquences

  1. La fin du classicisme
  2. Le Marxisme
  3. Heidegger
  4. Sartre
  5. Barthes

Chapitre 5 - La sociologie aux prises avec l'individu

  1. La tendance à l'effacement de l'individu
  2. Le caractère irréductible de l'individu
  3. Les partisans d'une sociologie objective

Chapitre 6 - Le milieu social

  1. Les croyances, les règles et les institutions
  2. La création des institutions selon Friedrich August von Hayek
  3. La finalité des formations sociales
  4. L'individu conditionné par son milieu
  5. Un milieu social perturbé
  6. La réflexivité
  7. La transformation de la société et la remise en cause de modèle social

Chapitre 7 - De l'individu au sujet

  1. Introduction
  2. La théorie de Weber revisitée
  3. La tentative infructueuse de Norbert Élias pour réconcilier l'individu et la société
  4. Le sujet au-delà de l'individu. Le sujet chez Sartre
  5. La socialisation des individus. Le social historique chez C. Castoriadis
  6. De l'individuation à la subjectivation et à la vie
  7. Conclusion

Extrait :

...Pour Hegel un concept se développe à travers des phases qui prennent des figures historiques. Toute la réalité est un processus, déploiement de "Esprit absolu" dans la religion, l'art, la philosophie et l'histoire. Elle n'es pas alors une réalité extérieure aux idées mais elle en est constitutive.

Comprendre le devenir de l'Esprit qui est Réalité, c'est le saisir conceptuellement de l'intérieur. Pour cela, il s'agit d'interpréter les produits de l'histoire que sont les œuvres scientifiques, philosophiques, artistiques. D'où le caractère systématiquement oblique (interprétation d'œuvres ) et historique de la philosophie.

Cette conception historiciste de la philosophie se retrouve chez la plupart des philosophes continentaux : Heidegger, Bachelard, Derrida ou Foucault, bien sûr, mais également chez Husserl.

Il y a donc une différence importante avec la philosophie analytique anglo-saxonne qui semble convaincre de l'existence de problèmes philosophiques indépendants de toute historicité.

Hegel situe l'avènement de l'Esprit objectif au sein même de processus historique qui caractérise le développement de la société. C'est en cela qu'il est proche du mouvement sociologique dont il préparera la venue. Comme on l'a vu, Durkheim et Weber seront, eux aussi, très sensibles aux grandes évolutions (ou révolutions) qui ont marqué l'esprit de leur temps.

Hegel, Durkheim et Weber appartiennent au courant de pensée qu'il est convenu d'appeler "l'historicisme". Hegel voit se développer devant lui, dans un grand mouvement majestueux, l'avènement de l'Esprit objectif et du Savoir Absolu. De même, Durkheim comme Weber sont sensibles non pas au devenir lourd de possibilités mais aux mouvements de l'histoire qu'ils soient marqués pour le premier par l'esprit religieux ou pour le second par la réforme protestante.

Hegel, Durkheim et Weber font confiance au sujet. Hegel décrit la galerie de portraits des grands hommes qui font l'histoire mais qu'en contrepartie l'histoire utilise à leur insu. Et si Durkheim évoque moins que Weber le cas des individus dont la transparence lui est assurée, il n'ignore pas que derrière les faits sociaux, derrière les faits collectifs il y a un acteur éminent : le sujet dont la dignité n'est nullement entamée.

4. La naissance du symbolisme structurant comme mode de représentation de l'individu

La sociologie vise bel et bien une portée philosophique. Depuis Hegel, en effet, le champ philosophique apparaît comme un champ où l'on lutte symboliquement - et non par arguments - pour la maîtrise de la parole; un champ où l'on essaie de tenir un discours indépassable. La sociologie s'efforce de conquérir une telle maîtrise de la parole. Elle participe à une lutte pour le pouvoir discursif. En ce sens elle appartient bien à la tradition philosophique...